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Assurance paramétrique : “Les assureurs sont mobilisés aux côtés des syndicats professionnels agricoles, chambres d’agriculture, réassureurs et pouvoirs publics pour les accompagner” – Tribune de Florence Lustman

Précision, rapidité d’indemnisation… Dans une tribune publiée sur le site web-agri.fr, Florence Lustman, présidente de France Assureurs, défend auprès des agriculteurs l’assurance paramétrique, également appelée assurance indicielle.


Le dérèglement climatique pèse sur l’agriculture française car les risques liés au climat sont de plus en plus forts. C’est notre sécurité et notre souveraineté alimentaire qui sont en jeu. La loi du 2 mars 2022 relative à une meilleure diffusion de l’assurance récolte en agriculture répond à cet enjeu en combinant l’assurance privée et la solidarité nationale. Il s’agit d’augmenter la résilience de la ferme France face aux aléas climatiques.

Le bon fonctionnement de l’assurance récolte repose sur la qualité et l’efficacité de l’évaluation des dommages subis par les agriculteurs. Cette évaluation est particulièrement délicate pour les prairies car cette plante servant de nourriture au bétail ne se comporte économiquement et agronomiquement pas de la même façon que les autres cultures : le fourrage est une plante d’auto-consommation qui peut être récoltée plusieurs fois dans l’année et pâturée par les animaux sans que sa production ne soit toujours mesurée comptablement. Bref la production est difficile à estimer avec les méthodes classiques d’expertise de terrain qui par ailleurs peuvent s’avérer longues et coûteuses.

Pour résoudre cette difficulté, les assureurs français ont développé, d’abord dans une logique de R&D puis d’industrialisation et sous le contrôle de la puissance publique, une approche dite indicielle reposant sur un indice de pousse de l’herbe qui permet de détecter une baisse de production herbagère. Cet indice s’appuie sur des données satellitaires et météorologiques qui permettent une évaluation objective de la production, avec une grande précision, sur l’ensemble du territoire et sur de longues périodes.

Comparée à des expertises classiques de terrain, cette démarche apporte de nombreux avantages : l’indemnisation, déclenchée automatiquement dès lors que l’indice franchit un seuil défini à l’avance, est plus rapide, plus objective et économiquement plus accessible pour l’assuré. C’est ce qu’a rappelé l’institut de l’Elevage (Idele) dans une note d’avril 2021: « L’lndice de Production des Prairies est aujourd’hui la seule solution qui ait été évaluée scientifiquement, et qui présente une homogénéité de résultats à l’échelle de tout le territoire. Nous réaffirmons, sur la base de ces éléments scientifiques, que, le niveau de fiabilité de l’indice de Production des Prairies peut être considéré comme très satisfaisant. »1

Si les travaux d’amélioration continue de l’indice ont toujours été réalisés et vont continuer à être réalisés au sein de la Codar2 en collaboration avec la profession agricole, cette démarche paramétrique peut néanmoins susciter des interrogations chez certains agriculteurs. En effet leur indemnisation se fait sans expertise terrain et dépend donc exclusivement de la variation d’un indice. De plus, l’indice mesure la pousse de l’herbe et non la quantité prélevée, rendant impossible la comparaison avec les bilans fourragers utilisés notamment dans le cadre des calamités agricoles.

La réforme du 2 mars 2022 est une opportunité pour mettre en œuvre une véritable révolution dans la gestion des risques climatiques sur prairies. Dans ce contexte, il est essentiel que les professionnels du secteur agricole, assurés ou non, soient suffisamment informés sur le fonctionnement et la pertinence de l’indice afin qu’en toute confiance, ils comprennent et perçoivent l’indemnisation reçue de leur assureur ou du Fonds de solidarité nationale (FSN). À cet effet, les assureurs, réunis au sein de France Assureurs, sont mobilisés aux côtés des syndicats professionnels agricoles, chambres d’agriculture, réassureurs et pouvoirs publics pour les accompagner et ainsi relever le défi posé par le déploiement à l’échelle nationale de l’assurance paramétrique. L’enjeu est bien de renforcer la résilience de l’agriculture française face au dérèglement climatique !

Florence Lustman, présidente de France Assureurs

1 Rapport 21030-P d’avril 2021 du CGAAER : « Retour d’expérience sur l’application du régime des calamités agricoles aux sécheresses sur prairies de 2019 et 2020 »
2 Commission d’Orientation et du Développement de l’Assurance Récolte – séance du 15 novembre 2022 : Proposition d’étude pour faire tendre la valeur de l’indice de pousse au champ vers une valeur de l’indice de pousse valorisable ou comment rapprocher la valeur de l’indice à la valorisation de l’herbe (récolte et pâturage).