Publié le

L’assurance construction en 2024

Le secteur de la construction en récession 

Conséquence de la crise qui perdure en amont de la chaine de production comme en témoigne la baisse des mises en chantiers tous logements confondus et des logements individuels (−12,9 % et −24,1 %1 sur un an respectivement), le secteur de la construction est pleinement entré en récession en 2024. D’après l’estimation de la FFB, le chiffre d’affaires du secteur du bâtiment s’élève à 208 Md€ hors taxes en 2024, soit un recul de −3,9 % en valeur sur un an ; hors effet prix, ce recul atteint −5,6 %. Cette baisse de l’activité affecte également l’appareil de production : le nombre de défaillances d’entreprises augmente de nouveau (+25,0 % après +41,1 % en 20232) sans réelle reprise des créations d’entreprises (+0,8 %3). Le nombre de destruction de postes salariés et intérimaires en équivalent temps plein est quant à lui estimé à environ 30 000 unités4 sur l’année. 

Le chiffre d’affaires de l’assurance construction atteint un nouveau point haut malgré une dynamique moindre

En 2024, le montant des cotisations s’établit à 3 177 M€ atteignant ainsi, et pour la quatrième année consécutive, son plus haut niveau historique depuis 1983, année d’entrée en vigueur de la gestion en capitalisation. Toutefois, si les encaissements de l’assurance construction ont poursuivi leur cycle haussier débuté en 2021, leur évolution s’établit à +3,5 % et confirme le ralentissement observé en 2023 (+4,5 %) après deux exercices affichant des hausses à deux chiffres en 2021 et 2022. Dans le détail, cette dynamique provient d’un ralentissement plus marqué des primes de la Responsabilité Civile Décennale (+3,4 % après +4,6 % en 2023) qui représente 74 % du chiffre d’affaires global et, dans une moindre mesure, de celle du Dommages-Ouvrage (+3,8 % après +4,0 %). 

Le montant des provisions techniques dépasse neuf années de primes 

Compte tenu de la longueur des garanties (10 ans ou plus) et de leur gestion en capitalisation, les provisions de la branche sont particulièrement élevées. Le montant des provisions techniques s’établit à 29,7 Md€ au titre de l’exercice 2024. Elles représentent ainsi 9,3 années de primes, niveau inférieur à la moyenne des 10 dernières années (10,2 années). À noter toutefois que si le montant des provisions techniques a progressé de +8,7 % par rapport à 2023, la dotation de provisions s’établit quant à elle à 1 929 M€, signant ainsi une hausse de +139,6 % par rapport à l’exercice précédent. 

Les prestations payées enregistrent une hausse à deux chiffres sur un an 

Le montant des prestations payées (paiements − recours encaissés + frais de gestion des sinistres) s’établit à 2 319 M€ en 2024, en progression de +12,8 % sur un an. Rapporté aux cotisations, le taux de prestations payées affiche une hausse de 6 points de pourcentage par rapport à l’exercice précédent (73 % en 2024 contre 67 % en 2023). Conjugué à la hausse marquée de la dotation de provisions, l’ensemble des charges des prestations progresse de +48,5 % pour s’établir à 4 248 M€ et correspond à 1,3 fois le montant des cotisations de l’exercice. 

Les produits financiers atteignent un plus haut depuis 2007 

Les produits financiers participent à l’équilibre technique du risque et de la branche. Bénéficiant de la poursuite de la remontée des taux d’intérêt et après une hausse de 27,6 % en 2023, les produits financiers ont progressé de 19,2 % en 2024 sur un an. Leur montant s’établit à 725 M€ atteignant ainsi leur plus haut niveau depuis 2007. En revanche, rapporté aux cotisations et bien qu’en hausse de 3 points de pourcentage sur un an, le taux de produits financiers s’établit à 23 % et reste contenu. 

La branche enregistre son plus mauvais résultat technique 

Malgré la hausse des cotisations et des produits financiers d’une part, et un solde de réassurance favorable aux cédantes d’autre part, la progression des prestations payées et celle de la dotation de provisions font à nouveau basculer le résultat technique en territoire négatif. L’assurance construction enregistre ainsi son plus mauvais résultat technique au titre de l’exercice 2024. Il s’établit à −827 M€. 

Documents à télécharger

Etude statistique – L’assurance construction en 2024 (PDF)